
Art, artiste et conscience collective
Campus Condorcet – 27 novembre 2025
J’ai ressenti la nécessité de créer un espace où nous puissions, en tant qu’artistes, chercheurs, universitaires, mais aussi citoyens, réfléchir ensemble — non pas seulement sur l’art, mais avec l’art, en l’utilisant comme un outil de pensée et d’action collective.
Mon souhait est de créer un espace au sein même de l’université, mais qui nous permette aussi, paradoxalement, d’en sortir symboliquement :
de construire d’autres espaces à l’intérieur de celui-ci,
de brouiller les frontières entre la pratique artistique et la réflexion académique,
et d’interroger cette séparation entre l’art et l’intervention sociale.
Je crois profondément qu’il est nécessaire aujourd’hui de désacraliser et de déprofessionnaliser la réflexion sur la société — de la rendre à nouveau vivante, partagée, collective, sensible.
Je ne suis évidemment ni le premier ni le dernier à tenter ce chemin.
Des figures comme Jean-Jacques Lebel, Tania Bruguera, Marina Abramovic — et bien d’autres — ont, chacune à leur manière, exploré ces zones d’intersection entre création, pensée et action.
Leur travail nous inspire et nous encourage à poursuivre, à notre tour, cette exploration.
C’est dans ce cadre, et grâce au programme UXIL – Université en exil, que j’ai souhaité saisir l’occasion de créer un nouvel espace de réflexion collective.
Dans un monde où il devient chaque jour plus difficile de penser et d’agir ensemble, il me semblait urgent d’inventer, même modestement, des formes nouvelles de communauté intellectuelle et artistique.
J’ai donc voulu rassembler ici des artistes et des penseurs venus d’horizons très différents, mais unis par un même désir : celui de réinterroger le rôle de l’art dans la société, et de réfléchir à la manière dont il peut contribuer à la formation d’une conscience collective.

Nous avons la chance d’accueillir :
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des artistes de longue expérience, comme Jean-Jacques Lebel, dont les actions remontent aux années de la Révolution culturelle en Europe ;
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des théoriciens et chercheurs, tels que Patricia Brignone et Makis Solomos, qui ont chacun, à leur façon, interrogé le lien entre création et engagement ;
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et enfin, des artistes plus jeunes, comme Shareef Sarhan, venu de Palestine, ou Naimeh Ghabaie, d’Iran, qui cherchent à élargir leur pratique artistique vers des formes d’action sociale et collective, enracinées dans les réalités de leurs pays respectifs.
Cette journée est donc pensée comme un espace de dialogue et d’expérience partagée,
où les voix, les gestes et les pensées se croisent, se répondent et s’enrichissent mutuellement.
Nous espérons qu’elle permettra non seulement de réfléchir, mais aussi de ressentir, de faire émerger des possibles, et peut-être d’esquisser ensemble les contours d’une autre manière d’habiter le monde.
27 novembre / 10h - 18h
Open Space
10, cours des Humanités, Aubervilliers, rez-de-chaussée
Métro : Front Populaire (12)
